As an alchemist, Hu Jieming manipulates images and objects, not to change them into gold, but for the pure pleasure of experimentation, through which he modifies and destabilizes our relation to the things, the world, and time in particular.
The multimedia installation Dozens of Days and Dozens of Years plays on the contrast between elements of daily life such as ironing boards or clothes, a scientific laboratory background with test-tubes, UV lamps, numerical measuring tools, and the poetic nature of the video images projected on the objects by small video cameras.
Ironing boards set the artwork in our familiar environment. Likewise videos feature scenes and gestures from daily life. At each exhibition clothes are replaced by new ones, if possible bought in the place where the event is held. The artist can this way ensure the uniqueness of the work each time it is shown, and simultaneously emphasize the scientific nature of his experiment. New clothes are exposed to the elapse of time, except some particular parts which are subjected to specific conditioning, where various chemical products and other devices are used. While a computer measures and displays the number of days of the exhibition, chemical reactions condense this length of time, speeding the aging of the materials. A day can then become a year......
This artificial wearing due to the acceleration of time, propelling us into the future, is counterbalanced by the video images that refer to past memories (a walk by the lake) and gestures of an unceasingly repeated present (a hand that rubs a piece of cloth). They also evoke the natural wearing of things related to the simple fact of touching clothes, wearing them and living in them. Besides, some of the scenes shot outside highlight Nature's cyclical time. We are therefore led to think of our relation with the passing of time. Even though our projections of the past and the future are generally abstract, and although we are hardly aware of the present we live in, the artist invites us to concretely perceive time as a progressing or regressing substance. We can only then wonder whether the acceleration of the pace of life contributes to its shortening and dissolution; or the other way round: whether each day could be lived as a whole year, concentrating our period of existence.
Franch text
La matière du temps
Tel un alchimiste, Hu Jieming manipule les images et les objets non pour les transformer en or, mais pour le pur plaisir de l'expérience. Une expérience à travers laquelle il modifie et déstabilise notre rapport aux choses, au monde et surtout au temps.
L'installation multimédia Dozens of Days and Dozens of Years joue sur le contraste entre les éléments tirés de notre quotidien comme les planches à repasser ou les vêtements, la mise en scène d'un laboratoire scientifique avec des éprouvettes, des lampes UV, des outils de mesure numériques, et le caractère poétique des images vidéo projetées sur les objets à l'aide de petites caméras.
Les planches à repasser ancrent l'oeuvre dans l'univers familier de chacun d'entre nous, de même que les vidéos montrent des gestes ou des scènes de vie quotidienne. Les habits sont renouvelés pour chaque exposition, et si possible achetés dans l'endroit où la manifestation a lieu. L'artiste assure ainsi la singularité de chacune des présentations de sonoeuvre, tout en soulignant l'aspect scientifique de son expérience. Les habits neufs sont exposés au temps qui passe à l'exception de certaines parties qui subissent un conditionnement spécifique à l'aide de différents produits chimiques et autres dispositifs. Alors qu'un ordinateur mesure et indique le nombre de jours d'exposition, les réactions chimiques condensent cette durée par le vieillissement précoce des matières. Un jour peut alors devenir une année...
Cette usure artificielle due à l'accélération du temps qui nous propulse dans l'avenir est contrebalancée par les images vidéo qui renvoient à la fois à des souvenirs passés (une sortie au bord d'un lac) et à des gestes d'un présent qui se répète inlassablement (une main qui frotte un tissu). Elles évoquent également l'usure naturelle des choses par le simple fait de toucher des habits, de les porter et de vivre avec. De plus les scènes filmées en plein air soulignent le temps cyclique de la nature. Nous sommes ainsi amenés à réfléchir sur le rapport que nous entretenons avec le temps qui passe. Si nos projections dans le passé et le futur sont habituellement de l'ordre de l'abstraction et si nous prenons rarement conscience du présent que nous vivons, l'artiste nous invite ici à percevoir concrètement le temps comme une matière en progression ou en régression. Force est alors de se demander si l'accélération du rythme de la vie contribue à son raccourcissement et sa dissolution ou si, au contraire, chaque jour pouvait être vécu comme une année entière, densifiant ainsi la durée de notre existence.