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Hu Jieming, A World in Thickness

Author: Richard Castelli 2010

The first time I encountered Hu Jieming's world was in Altitude Zero (2006) presented at the Shanghai Museum of Contemporary Art.

The assemblage of the traces of ships, hatchways and portholes formed a both realistic and fantastic setting to his images between air and water. I could then already see one of Hu Jieming's characteristics—quite rare in the world of new media arts—which was the ability of giving some thickness to any preliminary idea by taking care over the images during the shooting process as well as the images projections background.

This is a characteristic that I see in many of Hu Jieming's works.

In Cross the centre (2006), the idea, after all quite common, of a tracking shot through the city activated by pedaling visitors, is enriched by the choice of devices (an old cart wheel synchronized with two old parts of bicycles and used car seats) and the environment where the tracking shot is shown (a set of old windows).

This liking for those assemblages, combining high technology and objects 'dead or about to die', can only be seen in a few artists with the same precision, such as Brad Hwang, the Korean artist living in Berlin, and the French artist Jean Michel Bruyère.

This same kind of contrast between new media (internet) and material (transparent films) can also be found in the works 1995–1996 (1996) and The Fiction between 1999–2000 (2000) where the visitor is immersed in a labyrinth made of screen stills coming from the internet from midnight of December 31, 1999, until midnight of January 1, 2000 – 24 hours later. Another kind of thickness!

Another aspect of Hu Jieming's work is a liking for parallel worlds associated with a predilection for the diversion of images.

In The best strategy is to be on the move (2002), the overlap of images from daily life with old songs, and inversely old film soundtracks reinterpreted by clay puppets, the juxtaposition of construction sites, aerial performances where only public reactions are shown, war films (among others), creates a maelstrom of impressions where each sound or visual image is transformed by the others.

This type of overlap is also expressed in fixed images as in the Postcard (2006) series.

Another diversion could be presented as an homage to the cult film of the 60's La Dialectique peut-elle casser des briques ? (1973) [Can Dialectics Break Bricks?], where René Viénet substituted the original subtitles of a Chinese Kung Fu film with Marxist subtitles: New Journey to the West is made up with the Chinese classic film Journey to the West in which Hu Jieming has substituted the original dialogue with a neo-liberalist  dub.

Hey! A World is under Construction (2006) presents a diversion more 'plastic' where earthly constructions are integrated in parallel worlds, on the surface of the Moon or Mars, and can be fully visible by looking through telescopes in a perspective that reminds one of the French artists Anne and Patrick Poirier, with the unique difference that Hu Jieming doesn't hesitate to represent examples easily recognizable from our architectural heritage.

It is important to specify that during the preceding year, Hu Jieming had already trained on Earth with Where is my Home? (2005) where he succeeded in rebuilding Guangzhou with elements from Shanghai.
This cartographic game can also be found in The Cities in the Wind (2001), although this video belongs to another category of works which includes One Minute Soulful Touch (2002), the series Related to... (1996–1999), Outline only (2002) and From Architectural Immanence (2002).

In this series as well, the idea of using encephalograms, cardiograms or building crenels as a base for sound creation could border on pure gadgetry. However the choice and transition of the images with the background musical score, particularly in From Architectural Immanence with the dynamic use of the sequences' transitional sections disturbing the already frenzied movement of the musical notes, all give this a thickness which I could appreciate during my first encounter with his work.

The only escaping thing to this thickness, is a quality that can be noticed in all of Hu Jieming's works, as the incomplete enumeration above reveals. It is a sense of humour, as light and subtle as the thickness and diversity of his works.




French Text

Hu Jie Ming, un monde en épaisseur

Altitude Zero (2006) au Musée d'art contemporain de Shanghai fut ma première rencontre avec l'univers de  Hu Jie Ming.

L'assemblage de ces vestiges, écoutilles ou hublots de navires, formait un écrin tout autant réaliste que fantastique à ses images à la frontière de l'air et de l'eau. J'y voyais déjà une des particularités de Hu Jie Ming, assez rare dans le monde des arts médiatiques, cette capacité à donner une épaisseur à toute idée préliminaire par un soin attentif aux images lors du tournage et le même soin pour l'environnement de ces images.

Je l'ai retrouvé dans beaucoup d'iuvres de Hu Jie Ming.Dans Cross the center (2006), l'idée somme toute banale d'un travelling dans la ville actionné par le pédalage de deux visiteurs se trouve enrichie par le dispositif qui permet d'activer ce travelling (une vieille roue de charrette synchrone avec deux vieux bouts de vélos et des sièges de voitures très usagés) et l'environnement à travers lequel ce travelling est diffusé (un ensemble de vieilles fenêtres hors d'age).Ce goit pour ces assemblages alliant hautes technologies et objets morts ou en fin de vie ne se retrouve, avec la même justesse, que chez peu d'artistes comme le coréen installé à Berlin, Brad Hwuk Hwang et le franiais Jean Michel Bruyère.
Cette même friction entre nouveaux média (ici, l'internet) et des supports plus physiques (là, des plans-films transparents) se trouve aussi dans 1995-1996 (1996) puis The Fiction between 1999-2000 (2000) où le visiteur est plongé dans un labyrinthe aux parois faites de captures d'écrans effectuées sur internet entre le 31 Décembre 1999 à minuit et le 1er Janvier 2000, 24 heures plus tard. Une autre forme d'épaisseur !

Un autre aspect du travail de Hu Jie Ming est son goit des univers parallèles associé à une prédilection pour le détournement des images.

Dans The best strategy is to be on the move (2002), le télescopage d'images du quotidien avec des chansons anciennes et inversement des bandes sonores de vieux films réinterprétés par des marionnettes en pate à modeler, puis la juxtaposition de chantiers de construction, de spectacles aériens dont on ne voit que les réactions du public ou encore de films de guerres pour ne citer que quelques éléments, créé un maelstrim d'impressions où chaque image sonore ou visuelle se trouve transformée par les autres.Ce type de télescopage se retrouve aussi exprimé sur des images fixes comme la série des Postcard (2006).Un autre détournement qui pourrait apparaitre comme un hommage au film culte des années 60 La Dialectique peut-elle casser des briques ? (1973),  dans lequel René Viénet substituait aux sous-titres originaux d'un film de Kung Fu chinois des sous-titres marxisant : New Journey to the West est réalisé à partir du film classique chinois Journey to the West dans lequel Hu Jie Ming substitue aux paroles originales un doublage d'obédience plutit neo-libéraliste.

Un détournement plus "plastique" est effectué dans Hi! A world (2006) où des constructions terriennes sont intégrées tels des mondes parallèles à la surface de la Lune ou de Mars et ne sont pleinement visibles qu'à travers un télescope dans une optique qui n'est pas sans rappeler l'univers du couple d'artistes franiais Anne et Patrick Poirier, à la seule différence que Hu Jie Ming n'hésite pas à y représenter des exemples aisément reconnaissables de notre héritage architectural.

Il faut préciser que l'année précédente, Hu Jie Ming s'était déjà exercé sur terre avec Where is my Home? (2005), où il avait réussi à reconstruire Shanghai selon la physionomie de Guangzhou.
Le jeu avec les cartographies se retrouve aussi dans The Cities in the Wind (2001) bien que cette vidéo appartienne à une autre famille d'iuvres qui regroupe Une Minute Soulful Touch (2002), la série des Related to ... (1996-1999), Outline only (2002) et  From Architectural Immanence (2002).

Dans cette série aussi, l'idée d'utiliser des encéphalogrammes, des cardiogrammes ou des créneaux de batiments comme base de création sonore pouvait confiner à une pure gadgeterie. Cependant le choix et la transition des images en fond de partition et plus spécialement dans From Architectural Immanence, l'utilisation dynamique du volet de transition entre les séquences qui trouble le mouvement déjà frénétique des billes musicales, y donnent cette épaisseur que j'avais déjà pu apprécier lors de ma première rencontre.Une seule chose échappe à cette épaisseur, c'est une qualité de Hu Jie Ming qui court elle aussi dans toute son iuvre, comme cette présente énumération pourtant non-exhaustive le laisse subodorer. C'est un humour dont la légèreté et la subtilité n'ont d'égal que l'épaisseur et la diversité de cette iuvre.

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